recueil de Nouvelles, Novellas, Poèmes, Contes, Fables, Sonnets et... Poésies
Pendant que mon cœur brûlait
Dans la rue en sens interdit,
À fond.
J’ai fait une marche arrière.
Me suis garée comme une poubelle.
Elle portait une marinière.
Et un sac en bandoulière qui cachait un peu ses bras.
Tout de suite, je me suis vue dans ses draps.
Je me suis dit aussi que tout serait permis !
Avec cette étincelle.
Me suis sentie légère. Soulevée, dépassée, transportée.
Mes pieds se dérobaient.
À fond.
Je courrais comme une hallucinée.
Mais en fait, je ramais.
J’étais à la rue.
Quand elle a tourné derrière le ciné.
Me suis retrouvée interdite, comme c’est pas permis.
Elle avait disparu !
C’était l’enfer !
Comment avait-elle pu faire ?
Quand elle a tourné dans la rue,
Derrière le ciné pendant que mon cœur brûlait.
Justement, j’avais l’air d’une tête brûlée.
Sortie tout droit d’une poubelle.
Echouée sur un quai.
Je soliloquai.
Quelle galère !
Quand dans un reflet, je revis la marinière.
Ses yeux balançaient toujours des étincelles.
Elle fumait une cigarette.
Là, je me suis dit qu’il ne faudrait pas que je regrette,
Avec mon cœur en bandoulière,
D’avoir fait machine arrière.
Et dans de sales draps, je pris alors son bras,
En lui demandant si ce n’était pas interdit.
« C’est permis », a-t-elle dit.
Marc Daurargi